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Robert Desnos

Biography

Robert Desnos was born in 1900 in Paris where he later attended commercial college and then worked as a clerk. Besides being one of the influential surrealists, he also worked as a journalist and a radio personality. He met Breton in 1919, who was so interested in Desnos' ability to practice automatic writing he later wrote about it in his book Nadja, but their friendship ended in 1929, when Desnos signed an attack that called Breton an ox. In 1926 Desnos wrote a volume of poems in quatrains, which strayed from more free forms towards the classic style of Baudelaire. In 1944 Desnos was arrested and spent time in a series of concentration camps until he died of typhoid.

Poems
J'ai tant rêvé de toi

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

Les espaces du sommeil

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l'assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges figures naissent à l'instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Et y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d'il y a 2000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n'approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'une rhétorique facile où 1e flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines ruine, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du monde.
Dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens, mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.

Themes

Desnos was a master of hypnotic sleeps, and his obsession with dream-states becomes a theme in his poems as he examined the intersections of waking and sleeping. Like Apollinaire, Desnos wrote about the modern city and enjoyed his lively neighborhood in Paris where he experienced both high and low culture. His poems reflect the intersections of these disparate cultures. Despite his early death his is considered to be one of the most influential lyricists of the 20th century. He believed in universal freedoms and maintained a sense of optimism until the end of his life. His obsession with wordplay culminated in experiments with language that highlighted the plastic nature of words and phrases. This wordplay shows the breakdown of communication that indicates the possibility of multiplicity of meaning.

Bibliography

Caws, Mary Ann. "TECHNIQUES OF ALIENATION IN THE EARLY NOVELS OF ROBERT DESNOS." Modern Language Quarterly 28.4 (Dec. 1967): 473.

Eburne, Jonathan P. "The Edges of Surrealism." Journal of Modern Literature 26.3/4 (Summer2003 2003): 148-153.

Elbon, Andrew. "Spoonerism as literary device in Desnos, Leiris, and Roubaud." Romanic Review 87.2 (Mar. 1996): 285.

Kulik, William. "Life in the Present Tense." American Poetry Review 34.2 (Mar. 2005): 32-34.

Thomas, Yves. "DU DÉSERT À LA RUE : LA FONCTION DES VOYAGES EXTRAORDINAIRES DANS LA LIBERTÉ OU L'AMOUR ! DE ROBERT DESNOS." Romanic Review 95.1/2 (Jan. 2004): 29-39.

 

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